Toxicomanie : Traitement des symptômes de sevrage à l’aide du cannabis médical

L’utilisation du cannabis médical pour traiter … le trouble de consommation de cannabis ? Bien que le concept semble contre-intuitif, la recherche préclinique et les résultats d’essais cliniques suggèrent que cibler le système endocannabinoïde pourrait en fait être une stratégie thérapeutique viable pour traiter la toxicomanie, y compris le trouble de consommation de cannabis.

La toxicomanie est définie comme des habitudes de consommation de substances problématiques qui entraînent des perturbations et de la détresse. Selon une étude de 2012, plus de 21 % des Canadiens répondent aux critères d’un trouble lié à la consommation de substance à un moment donné de leur vie.

L’alcool (18 %) et le tabac (16 %) sont les deux troubles de consommation les plus fréquents chez les Canadiens, tandis que près de 7 % des Canadiens abuseraient du cannabis ou auraient développé une dépendance à cette substance. Les opioïdes, quant à eux, étaient responsables de plus de 25 % de tous les décès par surdose de drogue dans le monde en 2017. Plus de 9 000 personnes sont mortes d’une overdose d’opioïdes au Canada depuis 2016. 

S’il est important de rester prudent quant aux risques de troubles de consommation de cannabis dans cette population de patients, des plans de traitement à base de cannabis médical soigneusement élaborés et étroitement surveillés peuvent être une option pour ceux qui luttent pour résister au besoin de consommer et qui souffrent d’autres symptômes de sevrage. 

 

TOXICOMANIE ET SYSTÈME ENDOCANNABINOÏDE : CBD & THC

Le rôle du récepteur cannabinoïde CB1 dans la modulation de l’activité de la dopamine est à la base de l’utilisation du cannabis médical comme option de traitement possible des troubles de consommation de substances.

Le système endocannabinoïde, par l’activité directe du CB1R, module et est modulé par l’activité mésolimbique de la dopamine. On pense donc que la perturbation de la signalisation des endocannabinoïdes pourrait s’avérer efficace dans le traitement des troubles de consommation de substances. (Chye et al. 2019)

Les études précliniques et cliniques indiquent que le CBD a le potentiel d’aider à soulager les symptômes de sevrage comme les convulsions, ainsi qu’à réduire les envies de consommer et la consommation de drogue. Les études ont révélé que le CBD peut également atténuer la dévaluation impulsive des récompenses différées, ce qui peut contribuer à diminuer les risques de rechute chez les consommateurs de substances qui sont déjà en rémission. (Chye et al. 2019)

Dans un bref article du journal Neuropsychopharmacology, Friedbert Weiss et Gustavo Gonzalez-Cuevas suggèrent que le CBD pourrait également être un traitement avantageux pour la toxicomanie en raison de son efficacité avec de multiples substances, dont la cocaïne, les opioïdes, le cannabis et l’alcool.

Selon Weiss et Gonzalez, comme l’abus d’opioïdes et de cocaïne avec l’alcool est courant, les actions anti-rechute du CBD rapportés dans trois grandes classes de drogues consommées renforcent le potentiel de traitement de ce phytocannabinoïde. 

Comme le CBD présente un faible potentiel d’abus, il peut constituer une option intéressante pour les patients qui pourraient présenter un risque modéré de développer un trouble de la consommation de cannabis.

Le THC est également prometteur dans le traitement de la toxicomanie, en particulier pour le traitement des troubles liés à l’utilisation d’opioïdes.

Les preuves précliniques suggèrent que l’utilisation de produits pharmacologiques à base de THC comme le nabiximols et le dronabinol pourrait contribuer à atténuer la gravité d’un sevrage précipité des opioïdes. Les chercheurs pensent que le mécanisme de ce processus pourrait être le résultat d’agonistes cannabinoïdes comme le THC modulant la signalisation des opioïdes dans les cellules noradrénergiques des voies coeruleo-corticales.

 

NOTRE EXPÉRIENCE CLINIQUE 

Les deux méthodes d’administration les plus courantes dans les essais cliniques pour la toxicomanie étaient l’administration orale d’huile de CBD, de capsules de dronabinol ou de nabilone et de sprays oromucosaux comme le nabiximols.

Inversement, l’expérience clinique de Santé Cannabis préfère l’utilisation d’huiles ingérables et de nabilone aux nabiximols ou au dronabinol (celui-ci n’étant pas disponible au Canada). 

Pour ce qui est du CBD, les patients de Santé Cannabis ont tendance à se faire prescrire des doses nettement inférieures à la dose type identifiée dans les essais cliniques publiés. Par exemple, la plupart des essais cliniques ont utilisé des doses de plus de 100 mg de CBD, mais la plupart des patients à Santé Cannabis prennent des doses quotidiennes inférieures à 100 mg de CBD. Les produits riches en CBD sont chers, c’est pourquoi la dose quotidienne de CBD n’est pas augmentée au-delà de 100 mg s’il n’y a pas de bénéfice et si le patient ne peut pas se le permettre.

Les doses de nabilone dans les études de recherche clinique allaient de 6 à 8 mg/jour, alors que la dose maximale de nabilone prescrite à Santé Cannabis était de 6 mg par jour.

Les approches de traitement de la toxicomanie ont cherché à lever les tabous concernant la dépendance et l’addiction, et à privilégier des interventions telles que la thérapie comportementale et les traitements pharmacologiques.

 

CBD, TOXICOMANIE ET VOTRE PRATIQUE

Chez Santé Cannabis, nous travaillons aux côtés des patients pour les aider à atteindre les résultats de santé souhaités, notamment en évaluant si le cannabis médical est un médicament approprié et en s’assurant qu’ils reçoivent le bon dosage. Nous avons élaboré des instructions de dosage et des tableaux de titrage, que nous adaptons pour chaque patient en nous appuyant sur nos années d’expérience tout en tenant compte des résultats de recherches récentes.

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